60 ans et 20 ans après , l’histoire continue à bégayer
mardi 19 janvier 2021

Autant le proclamer tout de go : mention spéciale pour Félix-Antoine Tshisekedi. Le chef de l'Etat a participé personnellement au marathon mémoriel des 16 et 17 janvier 2021. Plus qu'un exercice protocolaire, un message à très large spectre.

En s'inscrivant dans la tradition de son prédécesseur, le Président Tshisekedi perpétue la reconnaissance de la Nation envers Patrice Lumumba et Laurent-Désiré Kabila. Deux hommes, deux mythes fondateurs parmi une dizaine d'autres -Kimpa Vita , Simon Kimbangu, Anuarite, Etienne Tshisekedi …- autour desquels devraient s'écrire le nécessaire récit national. Ce roman à la fois socle, sève et boussole que chaque pays majeur élabore pour forger son identité et exister dans le concert des nations.

Ainsi, en est-il de la Chine avec Mao Zedong, Deng Xiaoping…, de la France avec Jeanne d'Arc ou depuis 1945 avec le Général De Gaulle, de l'Inde avec Gandhi, de la Turquie avec Mustafa Kemal ou de l'Afrique du sud avec notamment Nelson Mandela.

Lumumba et Kabila renvoient à une certaine idée du Congo qu'ils avaient en partage. Celle d'un Congo véritablement indépendant. "L'histoire du Congo écrite au Congo par des Congolais", prophétisait le premier. Ne jamais trahir le Congo, évangélisait le second. Deux pièces d'une même monnaie estampillée " Souveraineté ". Idéal subliminal pour lequel l'un comme l'autre a payé de sa vie.

En ce moment où l'Histoire bégaie à nouveau, le pays a besoin de se replonger dans le combat de ces deux héros nationaux pour résister à la énième tentative de vassalisation. Pour se servir de Patrice Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila comme bouclier, il importe que les dirigeants d'abord et, à leur suite, les Congolais aillent au-delà de simples commémorations. Sinon, on ira de rituel en rituel pour s'installer dans une ritournelle.

Pourrait-on être digne de Lumumba si des puissances étrangères s'évertuent à continuer à écrire l'histoire du Congo depuis leurs pays ou leurs chancelleries nichées à Kinshasa ? Pourrait-on répéter par cœur et en chœur " Ne jamais trahir le Congo " si l'on est de mèche avec des pays et officines étrangers dont l'agenda est, sinon la balkanisation, du moins l'émasculation de la RDC ?

60 ans après la liquidation du Premier ministre Lumumba et 20 ans après l'assassinat du Président Kabila, l'avenir du Congo est toujours menacé. Aux Congolais de s'assumer en dressant le front comme leurs deux héros nationaux. José NAWEJ